9.21.2016

Les cuisines restaurées de Pompéi nous montrent comment cuisinaient les romains

Avant d'être enfouies par l'éruption volcanique en 79 après JC, les cuisines de la Fullonica di Stephanus de Pompéi fournissaient de la nourriture pour les domestiques de cette laverie sur trois étages.

La Fullonica était l'endroit où les riches patriciens romains envoyaient leurs toges afin d'être lavées dans d'immenses bains d'argile et d'urine. Les vêtements étaient ensuite rincés, séchés et mis dans des presses spéciales pour assurer leur retour à leurs nobles propriétaires sans avoir de pli.

Les cuisines de la Fullonica di Stephanus. Photo: Archaeological Superintendency of Pompeii

Grâce à une remise en état récemment terminée, les cuisines à l'intérieur de la Fullonica apparaissent aujourd’hui comme elles étaient il y a 2000 ans, avec ses grils en métal, ses pots, casseroles et vaisselles en terre cuite.

Cela fourni un aperçu intéressant sur les pratiques culinaires romaines. Ainsi, les romains cuisinaient leur nourriture au-dessus de fosses spécialement conçues, dans lesquelles reposaient des lits de charbon de bois en flamme.
De gros morceaux de viande, du poisson et des légumes étaient alors mis sur les grils directement sur les charbons. Pendant ce temps, les soupes et ragouts mijotaient plus loin dans des pots et casseroles qui reposaient sur des trépieds spéciaux pour les élever au-dessus des braises brûlantes.

Tout l'équipement pour la cuisine, qui est aujourd'hui exposé, a été trouvé dans et autour des cuisines au cours des premières fouilles faites par le Superintendant de Pompéi, Vittorio Spinazzola en 1912. Initialement, Spinazzola laissa tous les objets dans la cuisine, mais ses successeurs les empaquetèrent pour les stocker ailleurs ou les placer dans des vitrines d'exposition dans différentes zones du site.

"Nous sommes ravis que les différentes pièces aient été finalement remises où elles avaient été trouvées et nous sommes certains qu'elles seront appréciées par les touristes modernes, désireux d'apprendre comment les gens vivaient dans l'antiquité" rapporte Massimo Osanna, Superintendant archéologique actuel de Pompéi.

 Morceau de pain carbonisé.

Dans le cadre de la même initiative, d'autres exemples de pratiques culinaires des anciens romains ont aussi été mis en exposition permanente. Les visiteurs peuvent désormais admirer un morceau de pain carbonisé vieux de deux millénaires et admirer un pot en métal contenant les restes fossilisés d'une soupe de haricots fèves et de légumes.
 
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9.16.2016

Un palais illyrien de plus de 2000 ans découvert au Monténégro

Le village de Risan au Monténégro fut la capitale de la Reine Teuta, dont les actions engendrèrent la première guerre d'Illyrie en 229 avant JC.

Des chercheurs de l'Antiquity of Southeastern Europe Research Center de l'Université de Varsovie y ont entamé des fouilles en 2000. Jusqu'ici, leur travail a permis, entre autre, de réviser les approches historiques sur l'ordre du règne des souverains illyriens. Ainsi, le règne du Roi Ballaios a été déplacé d'un siècle en arrière: il n'était pas le successeur de la Reine Teuta mais son prédécesseur.

Vue générale de la zone de fouilles. Photo by P. Dyczek

Récemment, des travaux se sont concentrés sur la section représentant la cité, qui est aussi la zone la plus élevée. Les archéologues ont ainsi découvert des constructions monumentales remontant au 3ème siècle avant JC.

Le premier complexe a été construit avant 260 avant JC, le second après 250 avant JC. "Toutes les données que nous avons obtenues indiquent que nous avons découvert le complexe d'un palais hellénistique des dirigeants de Risan. Ce sont les premières structures de ce type découvertes dans la région d'Illyrie, et elles ont pu appartenir au Roi Ballaios et à la Reine Teuta. Jusqu'à présent, nous ne savions même pas que de telles structures existaient" rapporte le Professeur Dyczek, "la situation des bâtiments, leur échelle, leur plan, et les techniques de constructions utilisées sont tout à fait inhabituels et uniques lorsqu'on les compare avec d'autres exemples d'architecture illyrienne, dont les structures ont déjà été découvertes à Risan. Nous avons mis au jour ce lieu à partir de sources de l'antiquité. C'est rarissime en archéologie."

Le chercheur note qu'il y a seulement un petit nombre de palais appartenant aux dirigeants Hellénistiques, même  s'ils furent construits pour de grandes et célèbres dynasties. Il y a aussi des exemples individuels de palais plus petits, mais pas dans la région d'Illyrie. "Il semble que nous avons découvert un complexe palatial appartenant à au moins deux rois différents" ajoute Dyczek.

Les archéologues ont décrit les fragments des restes du premier palais ainsi: il y avait une grand pièce sous la forme d'un mégaron avec une cheminée au centre.  Au cœur du foyer, les scientifiques ont trouvé une offrande de 30 pièces. Sur l'axe du foyer, des deux cotés, il y avait des colonnes en marbre. Dans la pièce se trouvaient des fragments de vaisselle de table de luxe hellénistiques.

 Le foyer dans le mégaron. Photo by P. Dyczek

Près du mégaron, il y avait des pièces de stockage à amphores, et devant le mégaron se trouvait une cour pavée et une portion de route.

D'après le professeur Dyczek, le bâtiment fut entièrement brûlé au cours d'une violente attaque. Dans les ruines, les archéologues ont découvert des projectiles de fronde en plomb, ce qui supporte leur théorie.

Un nouveau palais fut construit sur les ruines du premier. L'ancien mégaron fut converti en cuisine ou en salle de banquet dans le nouveau complexe. Les murs furent construits en grandes pierres calcaires soigneusement conçues et selon la technique grecque d'anathyrose. Un bossage décorait la face du mur, et les bords des pierres étaient sculptés.

Le professeur Dyczek pense que les constructeurs ont attaché une grande importance à l'aspect esthétique du bâtiment. L'intérieur était divisé en au moins trois zones. Le sol fut d'abord fait en dalles de calcaire, mais plus tard, le sol de l'une des pièces fut refait avec des cailloux fins formant un sol en mosaïque.

Coin du palais plus récent. Photo by P. Dyczek

Le bâtiment avait de larges entrées fermées par des portes en bois. Les archéologues ont aussi découvert des fragments de deux grands heurtoirs. L'une des entrées était décorée avec des cadres en mortier dans lesquels étaient moulées des demi-colonnes.

Le palais fut malheureusement détruit et pillé et il ne restait que murs qui furent rasés au début du 20ème siècle lors de la construction d'une scierie à Risan.


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9.13.2016

Les preuves d'une inondation légendaire découvertes en Chine

Selon la légende, "une inondation catastrophique à l'aube de la civilisation chinoise aurait balayé les villages, l'eau était montée si haut qu'elle débordait des collines, des montagnes et même du ciel"... Le roi Yu qui maitrisa les eaux en creusant des canaux aurait ainsi gagné un mandat pour gouverner et jeter les bases de la première dynastie de la Chine, les Xia.

Les chercheurs on déduit qu'il y a 4000 ans, suite à un tremblement de terre et à un glissement de terrain, environ 15 trillions de litres d'eau se sont amassés derrière un barrage de pierres et de sédiments près des gorges de Jishi (ci-dessus). Lorsque le barrage s'est rompu, les eaux ont submergé les plaines du nord de la Chine considérées comme le berceau de la civilisation chinoise. (Wu Qinglong) 

Mais jusqu'à présent, les scientifiques n'avaient pu trouver la preuve que l'inondation, ou Yu, ou même que la Dynastie Xia ait existé en dehors des mythes transmis à travers les millénaires.

Aujourd'hui, une équipe de chercheurs menée par Wu Qianlong, un ancien séismologue de l'Université de Pékin, rapporte, dans une étude publiée dans le journal Science, avoir trouvé les preuves qu'une inondation a submergé une vaste portion du territoire il y a à peu près 4000 ans.

Cela pourrait renforcer la théorie, bien qu'encore controversée, selon laquelle la dynastie Xia a existé en tant que premier État unifié de la Chine. "Aucune preuve scientifique n'avait été trouvé auparavant" sur cette inondation légendaire, rapporte Wu.

Les chercheurs ont déterminé la date du tremblement de terre en datant au radiocarbone les squelettes d'enfants dans un groupe de 14 victimes découvertes broyées en aval, apparemment lorsque leur maison s'est effondrée. (Cai Linhai)

15 trillions de litres d'eau

A l'aide de la datation au radiocarbone d'ossements et d'échantillons de sol le long du fleuve Jaune, l'équipe de Wu a pu établir qu'un tremblement de terre a déclenché un énorme glissement de terrain endiguant les voies navigables en 1920 avant JC.

Les chercheurs ont pu faire la datation chimiquement à partir des squelettes d'enfants provenant d'un groupe de 14 victimes découvertes broyées en aval, apparemment lorsque leur maison s'était effondrée au cours du tremblement de terre.

Les chercheurs en ont déduit que pendant six à neuf mois, environ 15 trillions de litres d'eau se sont accumulés derrière un mur de roche et de boue près des gorges de Jishi dans la province de Qinghai.

Lorsque la digue s'est rompue, les eaux se sont déversées dans la gorge avec un débit 500 fois supérieur au débit moyen du Fleuve Jaune, submergeant les plaines du nord de la Chine que l'on considère comme le berceau de la civilisation chinoise.

L'inondation, sur le troisième plus long fleuve d'Asie, a dû être parmi les pires qu'il y ait eu n'importe où ailleurs dans le monde au cours des 10000 dernières années et cela corrobore les histoires d'une "Grande Inondation" qui a marqué le commencement de la civilisation chinoise avec la Dynastie Xia.



L'inondation a précédé de plusieurs siècles les premiers documents écrits sur des os d'oracle

Des textes historiques remontant à environ 1000 avant JC mentionnent un dirigeant Xia légendaire, Yu, qui avait mis au point un système de dragues pour contrôler une importante inondation qui a duré des générations. On rapporte qu'elle provenait des environs des gorges de Jishi, d'après divers textes. Sa capacité à lutter contre les catastrophes naturelles lui permit de régner et de servir de modèle pour des générations de dirigeants chinois ultérieurs.

Sa légende fut immortalisée plus tard dans des textes parmi les plus connus dans l'antiquité chinoise, comme les Annales de Bambou en 300 avant JC et les Mémoires du Grand Historien écrites par un historien de la cour Sima Qian sous la Dynastie Han en 94 avant JC.

Mais la légende est vivement débattue à notre époque. Au cours du siècle dernier, des érudits chinois ont douté de l'existence de Xia, ou alors, au lieu d'être un état unifié expansif n'était-ce pas plutôt de nombreux petits états qui ont été mélangés par d'anciens penseurs politiques chinois pour justifier une tradition de pouvoir centralisé.

Les preuves d'une inondation massive vont dans le même sens que la légende et "confortent l'idée que la dynastie Xia pourrait vraiment avoir existé" ajoute David Cohen de l'Université Nationale de Taïwan, l'un des auteurs de l'article.

Dans les années 1980, des archéologues avaient découvert des constructions et des restes en bronze dans le village d'Erlitou dans la province du Henan. Les datations au radiocarbone ont donné la date de 1900 avant JC. De nombreux scientifiques estiment que le village, qui devait avoir une population de 30000 habitants, était l'ancienne capitale Xia.

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9.08.2016

Des tablettes de malédiction romaines découvertes en Serbie

Des archéologues rapportent avoir découvert des tablettes de malédiction (ou tablettes de défixion), faites en or et en argent, dans des tombes romaines.

Elles ont été trouvées sur le site archéologique de Viminacium en Serbie, lieu de l'ancienne capitale de la province romaine de la Mésie supérieure.

L'une des tablettes de malédiction en or. " Institute of Archaeology, Belgrade

Les romains les utilisaient pour maudire leurs voisins, proches ou amours contrariés. L'une des inscriptions de l'un des objets, que l'on appelle "tabella defixionis" en latin, commence ainsi: "Que toutes les forces et démons aident à..."

Certaines tablettes sont écrites en grec, mais elles comprennent également un langage et des symboles incompréhensibles. Les experts estiment que cela a probablement été inventé par les personnes qui ont fait les tablettes, afin que le message ne puisse être compris que des dieux et démons.

Cependant, la découverte est considérée comme importante car jusqu'ici les précédents exemplaires de tablettes étaient gravés dans le plomb, une matière beaucoup moins précieuse.

"C'est une découverte archéologique très importante car cela nous montre à quel point la vie à Viminacium était luxueuse, ou bien à quel point ils mettaient de l'espoir dans leurs tablettes de malédiction en utilisant des métaux précieux" rapporte Miomir Korac, archéologue en chef du site de Viminacium, "d'après mes connaissances, de telles tablettes en or n'ont jamais été trouvées ailleurs. Dans les habitudes romaines, l'or n'était jamais introduit dans les tombes."

Korac fait remarquer que les gens qui vivent dans cette partie de la Serbie aujourd'hui sont connus pour leurs superstitions.

Il ajoute aussi: "des divinités opposées apparaissent sur ces tablettes, comme si on invoquait à la fois le Christ et l'Antéchrist aujourd'hui, ou le Christ et des dieux païens, ce qui est étrange. Cela nous montre que le processus de conversion au christianisme a été lent".

Carte montrant la localisation du site archéologique de Viminatium en Serbie

Les scientifiques pensent que Viminacium approchait les 40000 habitants au 4ème siècle après JC (la période où furent fabriquées les tablettes). Cette ville était ainsi plus grande d'un tiers que Pompeii.

De plus, c'était une ville abritant des gens de différentes nations. "Nous avons trouvé que les païens et chrétiens étaient enterrés ensemble, et nous pouvons en conclure que, à l'époque, ils vivaient dans l'harmonie et la tolérance."

Cependant, en une centaine d'années, la ville fut détruite par les vagues des envahisseurs Huns, qui ont fait suite à l'invasion des slaves au 6ème siècle après JC.
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9.04.2016

Les chasseurs-cueilleurs se sont entrainés à l'agriculture en Turquie avant de migrer vers l'Europe

Des groupes de chasseurs-cueilleurs ont passé une grande partie de la fin de l'âge de pierre à travailler les bases de l'agriculture, sur les terres fertiles de ce qui est aujourd'hui la Turquie, avant d'exporter leurs connaissances vers l'Europe.

Dans une analyse d'anciens génomes publiée au début du mois d'août dans la revue scientifique américaine Current Biology, des chercheurs de l'Université de Stockholm et d'Uppsala en Suède et de l'Université Technique du Moyen Orient en Turquie, rapportent qu'au moins deux vagues d'anciens colons européens appartenaient au même groupe génétique de fermiers du centre de la Turquie (une généalogie qui remonte jusqu'aux premiers hommes qui ont cultivé en dehors de la Mésopotamie).

  Outils du site de Tepecik-Ciftlik en Anatolie. Credit: Tepecik-Ciftlik Archive

Pour clarifier l'évolution de l'agriculture à l'Ouest, les chercheurs ont comparé les informations génétiques d'européens vivant au cours de la période du néolithique (-10000 à -4000 ans: la chronologie variant entre l'Europe et le Moyen Orient) avec celles de neufs individus mis au jour dans deux anciennes implantations en Anatolie.

Les séquences génétiques les plus anciennes ont été prises sur 4 individus de la communauté Boncuklu qui vivaient il y a 10300 à 9500 ans. Les Boncuklu étaient un groupe de fourrageurs qui venait de passer à une agriculture à petite échelle.

Les autres exemples (datant de 9500 à 7800 ans) viennent de villageois de Tepecik-Çiftlik qui avaient des pratiques agricoles plus sophistiquées.

"A Boncuklu, nous avons trouvé des niveaux de diversité plus proches des chasseurs-cueilleurs contemporains, ce qui est n'est pas surprenant car eux-mêmes étaient des fourrageurs quelques siècles auparavant" rapporte le co-auteur Mehmet Somel, biologiste évolutionnaire à l'Université Technique du Moyen Orient, "En fait, c'étaient des proto-agriculteurs. Les Boncuklu n'avaient pas d'animaux domestiques et la cueillette était importante pour le village."

 "Même 1000 ans plus tard, dans des villages comme Tepecik-Ciftlik et Catlhoyuk, nous avons découvert que la chasse et la cueillette étaient encore importantes dans leur culture; ainsi, le mode de vie néolithique a mis du temps à se mettre en place, non seulement culturellement, mais aussi démographiquement" ajoute Anders Gotherstrom, archéologue à l'université de Stockholm, "ce qui s'est passé ici est très probablement  une augmentation de la population, avec une fécondité plus élevée, et des niveaux plus élevés de mobilité et de flux génétiques, entrainant avec le temps le développement de villages néolithique du proche orient plus cosmopolitains, et cela a pu finir par déclencher l'expansion vers l'Europe."

Bien qu'un gros travail archéologique a été fait sur ces sites, c'est la première étude à examiner les propriétés génétiques des restes humains.

Ce type d'analyse était impossible jusqu'à récemment en raison de la dégradation de l'ADN retiré de l'intérieur des ossements des défunts. Somel a aidé à l'acquisition du matériel génétique et Gotherstrom et son collègue Mattias Jakobsson de l'Université d'Uppsala ont séquencé le génome.

L'article permet de confirmer les spéculations concernant la façon dont l'agriculture s'est répandue vers l'Ouest, mais "ce qui s'est passé dans l'Est reste un chapitre où beaucoup reste encore à faire" précise Gotherstrom.

Les révolutions agricoles ont eu lieu dans d'autres parties du monde, et ce type d'analyse pourrait aider à comprendre comment elles se sont répandues.
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Somel s'intéresse à l'exploration des mouvements des individus et sur la façon dont les connexions génétiques et culturelles se chevauchent dans l'histoire humaine.

L'article de l'étude: The Demographic Development of the First Farmers in Anatolia


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8.30.2016

Un chercheur veut confirmer la probable découverte d'un broch de l'âge du fer par la première femme archéologue d'Ecosse

Le Dr Murray Cook a lancé une campagne de financement participatif  (avec succès) afin de pouvoir déterminer si la première femme archéologue d'Ecosse, Christian Maclagan, avait bien raison au sujet de Stirling. En effet, elle affirmait que la ville avait son propre broch (construction en forme de tour ronde et creuse) de l'âge du fer.

Broch de Dun Telve près de Glenelg. Image: Wojsyl (CC BY-SA 3.0)

Sa découverte faite en 1870, et potentiellement importante, fut ignorée en son temps; le site qu'elle avait identifié ne fit pas l'objet de fouilles et fut finalement oublié... tout cela parce qu'elle était une femme.

En effet, le sexisme de l'époque était tel que son premier article clé a été lu seulement après avoir été transcrit par un homme, et on lui refusa le droit d'être membre à part entière de la Société des Antiquaires d'Ecosse (Society of Antiquaries of Scotland). Comme l'explique le Dr Cook "elle ne pouvait pas devenir un membre car elle n'était pas un homme".


La localisation du site

Après avoir étudié les archives de Maclagan entreposées au British Museum, le Dr Cook pense avoir identifié la localisation du site.

Un chercheur veut confirmer la probable découverte d'un broch de l'âge du fer par la première femme archéologue d'Ecosse
Intérieur d'un broch. source: digventures.

Sur l'un des deux endroits possibles, Cook a découvert qu'il était associé à une meule rotative non achevée, datant de la fin de l'âge du fer. De plus, un récent glissement de terrain a révélé une grande partie d'une maçonnerie horizontale en pierre sèche.

Le Dr Cook et son équipe ont donc lancé une campagne de financement participatif afin de pouvoir mener des fouilles sur 4 jours. Ils espèrent ainsi confirmer la présence du broch.

Broch Mousa dans les Shetland. Image: Otter (CC BY-SA 3.0)

Un Broch ?

Les brochs sont des structures écossaises en forme de tour vieilles d'environ 2000 ans. Bien qu'on les trouve à travers tout le pays, elles se concentraient à l'origine le long de la côte atlantique écossaise; ce sont tous des bâtiments à double parois avec parfois plusieurs étages, pièces et galeries.


En savoir plus sur le projet en cours:
Relecture par Marion Juglin

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8.25.2016

Un fromage vieux de 340 ans découvert sur le site de l'épave du Kronan

Des plongeurs explorant le Kronan, l'épave d'un navire de guerre suédois qui coula en 1676, ont trouvé récemment des pièces en or, une bague avec un diamant et ce qu'ils pensent être un gros morceaux de vieux fromage particulièrement odorant.

Ils ont découvert qu'un pot d'étain noir contenait une épaisse substance gluante qui pourrait être du fromage.

 Le pot de "fromage".  Lars Einarsson/Kalmar County Museum 


"C'est une assez bonne supposition de dire que c'est un produit laitier, et nous pensons que c'est du fromage" rapporte le chercheur Lars Einarsson du Kalmar County Museum, "Il ressemble un peu à une sorte de fromage comme du Roquefort granulaire. Il était enfoui dans la boue, il est donc assez bien conservé, mais en même temps, il a passé 340 ans au fond de la mer..."


Le Stora Kronan coula aux cours d'une d'explosion lors d'une bataille contre les forces danoises et néerlandaises le 1er juin 1676. Une quarantaine d'homme survécurent, mais près de 800 perdirent la vie.

  Une bague en or découverte dans l'épave du Kronan.  Lars Einarsson/Kalmar County Museum

 Les chercheurs ont récupéré de nombreuses informations sur le site de l'épave, en trouvant près de 20000 objets en lien avec le bateau depuis sa découverte en 1980.

Des pièces en or trouvées sur le site.  Lars Einarsson/Kalmar County Museum 

Une fois que le fromage sera correctement analysé, ils espèrent obtenir plus d'informations sur la vie à bord d'un bateau au 17ème siècle.

Merci à Audric pour l'info !

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8.21.2016

L'analyse des pointes de flèche montre que l'île de Pâques n'a pas été détruite pas la guerre

L'analyse d'artéfacts trouvés sur les rives de Rapa Nui (île de Pâques), dont on pensait qu'ils étaient utilisés comme pointes de flèche, a révélé que ces objets étaient probablement plutôt des outils.

Cela apporte la preuve contraire à la croyance largement répandue que cette ancienne civilisation a été détruite par la guerre.

D'après Carl Lipo, professeur d'anthropologie à l'Université de Binghamton et chef de l'étude, l'histoire traditionnelle sur Rapa Nui affirme que les habitants, avant l'arrivée des européens, étaient à cours de ressources et que cela engendra d'importantes luttes qui ont conduit à l'effondrement de leur société.

L'un des éléments de preuve utilisés pour supporter cette théorie étaient les milliers d'objets triangulaires en obsidienne découverts à la surface, appelé mata'a. En raison de leur grand nombre et comme ils étaient fait de verre tranchant, beaucoup ont cru que ces mata'a étaient des armes de guerre utilisées par les anciens habitants de l'île.
Images de différents mata'a. Photo: Carl Lipo, Binghamton University

Lipo et son équipe ont analysé la variabilité des formes de plus de 400 photos de mata'a trouvés sur l'île, en utilisant la morphométrie. Cette technique leur a permis de caractériser les formes de manière quantitative.

En se basant sur la grande variabilité des formes de ces objets et sur leur différence avec les d'autres armes traditionnelles, l'équipe en a conclu que les mata'a n'avaient pu être utilisés dans les conflits, car cela aurait fait des armes de piètre qualité.

"Nous avons découvert que lorsque l'on regarde la forme de ces objets, ils ne ressemblent pas du tout à des armes" rapporte Lipo, "lorsqu'on les compare aux armes européennes ou aux armes trouvées n'importe où ailleurs dans le monde utilisées pour la guerre, leurs formes sont très systématiques. Elles doivent être très efficaces au risque d'être tué."

"On peut utiliser n'importe quoi comme pointe. Tout ce que l'on a peut être une arme. Mais dans des conditions de guerre, les armes doivent avoir des caractéristiques performantes. Et elles doivent être soigneusement façonnées à cet effet, car cela importe. On peut couper quelqu'un avec un mata'a, mais la blessure ne sera jamais mortelle".

Selon Lipo, cette preuve supporte fortement l'idée que l'ancienne civilisation n'a jamais connu ces combats ou guerres souvent théorisés. Et la croyance que les mata'a étaient des armes utilisées lors de l'effondrement de la civilisation est une interprétation européenne tardive des données, et non un fait archéologique réel. "Ce que les gens pensent traditionnellement à propos de l'île est qu'elle est l'île de la catastrophe et de l'effondrement, or cela n'est pas vrai dans un sens pré-historique. Les populations ont prospéré et vécu durablement sur l'île jusqu'au contact avec les Européens." ajoute-t-il.

Lipo et son équipe pensent que les mata'a se trouvent partout dans le paysage car  ils étaient en réalité des outils utilisés dans des tâches rituelles comme le tatouage ou dans des activités domestiques comme la récolte de plantes. "Nous avons essayé de mettre l'accent sur les petits morceaux de preuve individuels qui soutiennent le récit de l'effondrement afin de démontrer qu'il n'y a vraiment rien qui soutienne cette hypothèse. Ces éléments sont un pilier d'une étude plus large soutenant le fait qu'il s'agit d'une société étonnante qui a vraiment réussie.
Ça ne ressemble pas à de la réussite parce que nous voyons des champs de pierres, nous pensons à une catastrophe, mais en fait, c'était réellement de la productivité."

L'article "Weapons of war ? Rapa Nui mata'a 1 morphometric analyses" a été publié dans la revue Antiquity.

Relecture par Marion Juglin
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